Un jour, un épisode de Kaamelott.

Si on se sert trop dans la boîte aux programmes, Calt sort le colt: la société de production de «Kaamelott» et «Caméra Café», les deux programmes courts stars de M6, assigne Dailymotion pour contrefaçon devant le tribunal de grande instance (TGI) et le tribunal de commerce de Paris. Jean-Yves Robin, le président de Calt, se déclare «décidé à faire cesser le pillage quotidien» et veut carrément «dénoncer la banalisation d'un phénomène qui met en péril l'économie du financement de la production audiovisuelle».

Mais qu'a fait Dailymotion pour l'énerver à ce point? «Nous les avons plusieurs fois avertis qu'il fallait qu'ils surveillent davantage les contenus mis en ligne par les internautes, explique Me Benjamin Sarfati, l'avocat de Calt. Par exemple, nous avons constaté que 300 vidéos de "Kaamelott" avaient été mises en ligne, et c'est un préjudice financier considérable: comme les amateurs de la série sont des trentenaires actifs et donc des internautes, ils ont accès gratuitement au programme sur le Web. Cela diminue considérablement sa valeur.»


Du coup, la société de production ne réclame pas moins de 1,4 million d'euros de réparation pour toutes les séquences citant la marque «Kaa­melott», dont elle est propriétaire. Plus 500.000 pour l'ensemble des épisodes de «Caméra Café». Im­possible de vérifier le nombre de ces vidéos, car dans ce jeu du chat et de la souris, Dailymotion en a aujourd'hui fait retirer la plupart. «Nous avons 5,5 millions de vidéos sur notre site, et 150.000 nouvelles sont mises en ligne chaque jour, nous ne les connaissons évidemment pas toutes, explique Giuseppe de Martino, directeur juridique de Dailymotion. Mais dès qu'un propriétaire des droits nous le demande, nous retirons telle ou telle vidéo. J'ajoute qu'il suffirait à Calt de souscrire gratuitement à notre offre de marquage vidéo, et toute diffusion intempestive de leurs programmes serait ainsi tout bonnement impossible!»

Le 8 avril prochain, cet imbroglio pourrait commencer à se démêler: le TGI de Paris rendra son délibéré dans l'affaire Omar et Fred contre Dailymotion. Les deux comiques, qui estiment aussi que leurs droits d'auteur ont été bafoués, ne rigolent plus: ils ont également assigné la plate-forme.



Raphaëlle Baillot


20 Minutes, éditions du 18/03/2008 - 06h55